BEST PROMO: September 2018

Friday, September 28, 2018

Naomi Osaka : tennis et psychanalyse, une victoire haïtienne de pères en filles

La brillante victoire au US Open (6-2, 6-4) le 8 septembre en cours de la jeune Haïtienne-Japonaise Naomi Osaka (20 ans) aux dépens de l’Américaine Serena Williams (37 ans) appelle quelques remarques sur les concepts de répétition et de rivalité entre soeurs. Le tennis doit être considéré dans la perspective d’une sublimation de l’agression tout en préservant l’intégrité de soi et celle de l’adversaire. Freud introduit au long de ses écrits tardifs la notion de pulsion de mort à l’oeuvre dans le fanatisme qui sévit dans le sport de compétition. On a ainsi entendu la foule huer le juge du match alors que Serena, en colère, l’injuriait pour les sanctions prises à son encontre en raison de violations répétées du code de conduite : coaching de son entraîneur qui faisait des signes de ses mains durant le match, coup de raquette sur le sol et outrages au juge. Serena aime scandaliser : elle réclame la présence du directeur du tournoi, crie au sexisme au nom de sa fille. Mais surtout c’était la façon d’attirer l’attention sur son ego meurtri.
Sans doute sa protestation contre le traitement réservé aux joueurs de tennis qui ne sont pas aussi sévèrement sanctionnés pour les mêmes écarts de langage était-elle justifiée. Mais c’était un fort mauvais moment pour le faire. Mais elle réussira à faire basculer le match dans l’orgueil, la récrimination et la disgrâce, tandis que Naomi organise la riposte pour faire tomber la reine. Scène honteuse et inélégante du reste de voir la foule, les commentateurs et les officiels de la US Open pleurer la défaite de Serena Williams plutôt que de célébrer la victoire de Naomi Osaka, jeune joueuse au début de sa carrière, restée pleine de dignité, de maturité et de détermination qui sortit Serena pour la deuxième fois en six mois par un jeu céleste, à la fois aérien et puissant.
Jouer au tennis est une expérience pensée-corps, mais c’est aussi l’inverse – une expérience corps-pensée dans laquelle le corps informe ce que la pensée ignore encore. Le corps inscrit ses propres mémoires procédurales et les encode d’une manière qui lui donne parfois une « pensée propre » qui n’est pas susceptible de devenir consciente. Certains joueurs de tennis sont capables de réguler leurs émotions tout en effectuant des exploits compétitifs exigeants, – Roger Federer en est un exemple – alors que d’autres comme John Mc Enroe deviennent déréglés affectivement. Est-ce que notre compréhension de la régulation de l’affect, des états du corps, de la dissociation, de la performance corporelle extrême et de la réflexion analytique peut être formulée sur le court, un espace où le tennis en ses cadastres et la psychanalyse en ses enjeux psychiques se rencontrent sur le net ?
S’agissant de la répétition, le père de Mari et Naomi, l’Haïtien François Léonard, qui a peu joué au tennis, calque la carrière de ses deux filles dans les moindres détails sur le programme de 90 pages rédigé, avant la naissance de ses enfants, par Richard Williams. Le père de Venus et Serena, le néophyte qui ne connaissait rien aux raquettes, définit le jeu par la puissance de frappe. Outre ce véritable manifeste dont il tire deux axiomes, un service surpuissant et un coup droit dévastateur, François Léonard visionne des dizaines de DVD, compulse autant de manuels d’entraînement et s’abonne à quantité de magazines spécialisés. Dans le registre des forces pulsionnelles soumises à une intelligence impeccable, voilà deux pères noirs devenus entraîneurs de leurs filles destinées, dès leur plus jeune âge, à devenir des championnes. Paradoxe fascinant de cette saga, eux-mêmes ignorent tout ou presque de ce sport dont la pratique de haut niveau est réservée aux élites blanches fortunées, signe ostensible de leur supériorité de race et de classe. Au Québec, le sprinter d’origine haïtienne Bruny Surin avait tenté la même aventure au tennis avec ses deux filles. Les ressemblances ne s’arrêtent pas là : dans tous les cas, la figure paternelle est idéalisée, la mère reléguée dans un rôle plus humble mais crucial, celui d’apporter le pain quotidien. Les filles auront aussi pour tache/tâche d’assurer la rédemption de la figure maternelle, car elles auront capté l’attention du père qui leur donne tout de lui-même.
Quant à la rivalité entre les soeurs, elle est l’arme principale des pères comme dans l’histoire de Loth et ses deux filles. Cette rivalité permet à la cadette des filles de supplanter l’aînée qui montre plus tôt, en raison d’un développement neuro-musculaire plus avancé, ses capacités athlétiques. Serena deviendra la superstar devant Venus, alors que Naomi utilisera le désir de vaincre sa soeur Mari pour triompher. La soeur aînée dans les deux fratries fait fonction de substitut maternel contre lequel les affects hostiles et agressifs s’expriment plus librement avec moins de culpabilité.
Le match de la finale de tennis fut une magie du destin, malgré la dramatisation en direct des frasques de la grande championne que demeure Serena Williams. Car depuis un an, les choses ont changé. Serena est devenue mère à son tour d’une petite fille dont la naissance fut médiatisée à coups de commandites et de photos léchées dans les magazines people. À son insu, elle est confrontée à son autre « fille », Naomi, 17 ans de différence d’âge les séparent. La jeune joueuse l’admire depuis toujours et son rêve d’enfance est de la battre un jour. Ce qu’elle réalisa en mars dernier. L’heure du Grand Slam enfin arrivée, aucune échappatoire n’est possible que le duel réel et symbolique entre « mère » et « fille ».
Au Indian Wells Tennis Garden, Serena, la puissante meneuse, risque de tout perdre, y compris son ridicule tutu… Elle s’effondrera devant l’acharnement et le calme olympien d’une Naomi, jeune lionne à la crinière rebelle, dont les coups droits réglés comme un métronome se conjuguent aux sanctions draconiennes du juge, figure du Surmoi, traité de menteur et de voleur par une Serena hors d’elle-même. La combinaison achève d’ébranler la musculeuse idole qui appréhende la fin de son règne médiatique et financier. Lors de ce match, nous avons peut-être assisté à une tragédie oedipienne sur le net, une mise en scène de la castration toujours venue de l’Étranger (le père haïtien). Serena est battue sur la terre de Californie par une héroïne annoncée par la métaspora.
Naomi Osaka, née au Japon dans la ville du même nom, d’un père haïtien et d’une mère japonaise, a été élevée dès l’âge de trois ans par sa grand-mère paternelle aux États-Unis, dans un foyer haïtien. Elle parle peu le japonais, mais représente le Japon, son sol natal étranger, pour les subsides que les fédérations de tennis et les commanditaires lui ont accordés.

Lancement de la 8e édition du festival Goûts et saveurs lakay



Sur des tables hautes au bord de la piscine de l’hôtel Palms, il ne reste que des glaçons à moitié fondus dans les « shorts verres ». Le cocktail au rhum Barbancourt, victime de son succès, a été siphonné. L’après-midi, écrasé par une chaleur moite à cause de l’humidité, glisse tranquillement dans un petit tourbillon olfactif, de dégustation joyeuse de griot, de boulette de morue sur fond d’un techno branché et d’échos de conversations entre chefs, sponsors, fonctionnaires. Des minutes filent avant le lancement officiel de la 8 e édition du festival gastronomique Goûts et saveurs lakay. Avant que le soleil ne s’éclipse totalement, Jean Max Chauvet, au début de la cérémonie, a d’abord pris le temps de rendre hommage à ses partenaires, chef Stéphane et Joanne Buteau, les cerveaux de Culinary Event, instigateur du festival dont l’un des objectifs est de créer une plateforme pour mettre en valeur la gastronomie haïtienne, les produits du terroir.
Sans inhibition, Jean Max Chauvet soutient que le festival est le résultat d’un travail d’équipe, l’expression de la foi de sponsors comme Rhum Barbancourt, Delta « dans l’importance de la gastronomie dans le développement touristique du pays ». Il est reconnaissant que d’autres partenaires comme Buh, AIC aient rejoint l’aventure soutenue depuis le début par l’Association touristique d’Haïti (ATH). Pour Jean-Sébastien Buteau, le festival est devenu un évènement touristique qui a pris « une ampleur internationale ».
Avec une autre aune, Andy Durosier, directeur général du ministère du tourisme, mesure l’importance de ce festival dans le renforcement de la gastronomie haïtienne, « un avantage sérieux pour la destination Haïti ». Ce festival a d’autres effets. L’exposition médiatique et la valorisation de nos produits comme de notre savoir-faire a aidé à renforcer la professionnalisation de l’art culinaire. « J’ai remarqué que de plus en plus de jeunes veulent devenir chefs », a observé Andy Durosiers, sur le podium, a côté de Jean- Marc Gardère de la société Rhum Barbancourt, décidé à marcher sur les traces de son frères, feu Thierry Gardère. Le partenariat du Rhum Barbancourt avec le festival « s’inscrit dans notre vision de montrer une image positive du pays »,a soutenu le représentant du rhum dont la réputation d’excellence a longtemps dépassé nos frontières.
Pour Adrian Brisson, AIC et BUH, sont heureuses d’être les partenaires du festival Goûts et saveurs lakay. « C’est naturel de nous associer à cet événement. Qui dit tourisme, dit investissement et protection », a soutenu Adrian Brisson, aussi spontané que l’est le député de Pétion-Ville, Jerry Tardieu, élogieux à l’égard des organisateurs du festival, « un événement touristique majeur ». Il a salué la foi des investisseurs et des opérateurs de ce secteur sensible, fragile qui continuent de parier sur l’avenir. En ces temps difficiles, particulièrement après les événements violents des 6,7, 8 juillet 2018. Le pays n’est pas condamné, a souligné Jerry Tardieu, qui appelle à « semer au son du canon, à récolter au son du clairon ».
Sur le front, chef Stephane a confié que le niveau atteint par le festival est le résultat de 8 ans de travail acharné pour qu’Haïti construise sa carte de visite grâce à sa gastronomie. D’autres chefs d’origine haïtienne comme Paul Henry Toussaint, Jouvens Jean, Mélissa François, Chef T, Grégory Gourdet ont mis la main à la pâte, se sont’inspirés du terroir pour porter le terroir sur des tables à l’étranger, dans des festivals de notoriété internationale. Ils sont des ambassadeurs de la gastronomie et ont cette reconnaissance du ministère du Tourisme, a informé chef Stéphane, qui a donné rendez-vous au village gourmand, au Karibe, vendredi soir, pour une nouvelle aventure avec plus de 60 chefs haïtiens et étrangers…jhonclaudy@gmail.com

Jovenel Moïse dit avoir tiré la leçon des émeutes de juillet dernier


Les émeutes des 6 et 7 juillet 2018 hantent encore l’esprit du président de la République. Intervenant à la tribune des Nations Unies, Jovenel Moïse affirme avoir tiré la leçon de ces événements qui, selon lui, ne doivent pas être sous-estimés. Cependant, il a accusé les bailleurs de fonds qui ont une vision « trop étriquée de l’aide au développement… ».
Les émeutes des 6 et 7 juillet dernier à la suite de l’augmentation des prix de l’essence sur le marché local en Haïti ont été au cœur du discours de Jovenel Moïse à la 73e Assemblée générale de l’ONU. Même s’il sait que les conditions du Fonds monétaire international (FMI) sont un passage obligé pour le pays, le chef de l’État, à la tribune de l’ONU, n’a pas oublié que c’est le FMI qui avait fait pression sur le gouvernement pour le pousser à augmenter les prix de l’essence à la pompe.
« En juillet dernier, suite à l’application de la loi sur l’ajustement des prix de l’essence conclue avec le Fonds monétaire international, le pays a vécu la fâcheuse et douloureuse expérience d’un soulèvement populaire en réaction aux exigences du Staff Monitored Program conclue avec le Fonds monétaire international », a rappelé le président de la République.
Cette expression violente de mécontentement d’une partie de la population, a-t-il dit, ne peut être sous-estimée. « Elle a posé avec une acuité particulière la question centrale des 5 risques associés à l’extrême précarité socio-économique et au manque de perspectives économiques. De plus, elle a mis en relief la fragilité des acquis obtenus. Aussi réels et incontestables soient-ils, ces acquis obtenus de haute lutte peuvent être mis en péril en l’absence d’un soutien adéquat sur une longue durée », a expliqué Jovenel Moïse.
« L’un des enseignements que nous avons tirés de cette crise est que les réformes structurelles sont un processus de longue haleine, qui, tout en étant indispensables, ne peuvent pas être entreprises dans de courts laps de temps et les conditions souvent trop rigides imposées par les partenaires techniques et financiers, sans tenir compte de la réalité socio-économique de chaque pays », a-t-il expliqué.
Sans vouloir en rejeter le blâme sur quiconque, a nuancé le chef de l’État, il y a lieu de noter que le récent soubresaut enregistré a été, en grande partie, la résultante d’une vision trop étriquée de l’aide au développement, qui ne permet pas toujours à nos partenaires internationaux de reconnaître la nécessité d’une approche moins fragmentée, moins rigide, plus intégrée, bref, plus cohérente des problèmes interdépendants de développement et de sécurité, et beaucoup plus en adéquation avec les cinq principes de Paris sur l’Administration et l’efficacité de l’aide publique au développement et le Programme d’action d’Accra. »
Jovenel Moïse a fait savoir à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds que « le succès de la stratégie de pérennisation de la paix et des acquis, à laquelle nous sommes particulièrement attachés et sensibles, est tributaire, pour une large part, de la capacité du pays à obtenir les moyens additionnels susceptibles de lui permettre de surmonter ses handicaps structurels, de relancer notamment l’investissement public dans les infrastructures essentielles et de surmonter les obstacles auxquels se heurte la croissance et qui maintiennent près des trois quarts de la population au-dessous du seuil de pauvreté. »
La directrice du FMI, Christine Lagarde, qui avait rencontré Jovenel Moïse mercredi à New York, lui avait fait savoir ce qui suit : «Le FMI vous encourage à poursuivre la mise en œuvre de vos priorités, tout en privilégiant le filet de sécurité. Nous vous félicitons pour la lutte que vous menez contre la surfacturation et une meilleure rentabilité des ressources de l’État. Nous avons tiré les leçons des incidents du début de juillet. C’est pourquoi nous pensons qu’il faudra agir graduellement en appliquant les réformes fiscales. Il est important de poursuivre la réforme de l’État.»
Parallèlement à son intervention à la tribune de l’ONU à l’occasion de la 73e Assemblée générale, une dizaine de nos compatriotes vivant aux États-Unis manifestaient devant le consulat général d’Haïti à New York pancartes en main pour demander des comptes sur l’utilisation du fonds PetroCaribe.Jovenel Moïse dit avoir tiré la leçon des émeutes de juillet dernier

Les Haïtiens n'ont plus besoin de visa pour voyager dans la CARICOM

C'est officiel! Les ressortissants haïtiens n'auront plus besoin d'un visa pour se rendre dans les pays membres de la communau...